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Tom Arndt

Chicago intime / My Chicago

Si Tom Arndt a photographié les grandes villes d’Europe et des États-Unis au cours de ces quarante dernières années, c’est toujours son pays natal, le Minnesota qui est demeuré son sujet de prédilection. Au premier abord, ce territoire au nord du Midwest et ses habitants sans particularité n’ont pourtant rien pour captiver un photographe. Mais c’est parmi ces gens « sans histoires » et qui lui sont si familiers qu’il aime évoluer pour dresser d’eux une sorte d’album de famille. Et particulièrement à Chicago où il a longtemps vécu et travaillé et qu’il préfère à New York, si prisée des photographes mais trop spectaculaire et extravertie à son goût.

Tom Arndt est d’abord un photographe de la rue car c’est là que s’écrit l’histoire, la grande comme la petite ; c’est là qu’est visible le changement démographique qui a rendu la population blanche minoritaire ; «La rue est le lieu où se déroulent les révolutions, où s’expriment les idées politiques, où surgit le changement.», dit-il. C’est là que se retrouvent ceux qu’il photographie : dans ces lieux publics que sont les carrefours, les parcs, les bars, les magasins, les bus. Là où les pauvres, les marginaux, les laissés pour compte sont confrontés à leur solitude face à la foule. Sans misérabilisme, il excelle à saisir chez eux ces instants de réflexion, de rêverie, d’absence au monde, dans un temps suspendu.

Mais Tom Arndt aime aussi se trouver dans les fêtes ou les parades : là où le collectif est porteur de bonne humeur, de spontanéité, chaleur humaine et de solidarité.

Cette proximité morale mais aussi physique avec ceux qu’il photographie est perceptible dans ses images où l’on sent parfois sa présence et son interaction avec les personnages. Elle distingue son œuvre de la tradition américaine de la street photography plus distante, plus encline à la recherche d’une perfection de l’instant, d’un effet de surprise ou du détail critique qui fait mouche. Cette bienveillance, cette familiarité, inscrivent l’œuvre de Tom Arndt plutôt dans la tradition de la meilleure photographie humaniste, celle des grands documentaristes des années 30 lors de la Grande Dépression, celle qui, comme lui, se pose la question : « Qu’est-ce que cela signifie d’être en vie »... et tente d’y répondre par un témoignage aussi juste et respectueux que possible, par des images argentiques d’une grande beauté que l’auteur tient à tirer lui-même.


Jean-Christian Fleury