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  • © Deidi von Schaewen

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Deidi von Schaewen 

Femmes peintres du Hazaribagh

Dans la région du Hazaribagh, au nord-est de l’Inde, les femmes de la communauté adivasi  décorent l’intérieur et l’extérieur de leurs maisons traditionnelles en terre d’immenses fresques  aux motifs figuratifs et géométriques inspirés de la mythologie et des éléments de la nature. Ces peintures, d’apparence naïve, dont l’origine remonte à la préhistoire, ont des contenus symboliques très précis. Fragiles, elles doivent être renouvelées chaque année. Celles du style « khovar » ou « grotte nuptiale », principalement en noir et blanc, sont réalisées entre février et mai et sont destinées principalement à orner la chambre des jeunes mariés ; celles de style sorhai, plus colorées, sont, elles, liées aux rites de fertilité qui accompagnent les moissons en octobre-novembre.

La photographe Deidi von Schaewen documente les cultures populaires à travers le monde et particulièrement les architectures vernaculaires en Asie et en Afrique. C’est en 2009 qu’elle découvre ces maisons peintes. Lors d’un deuxième voyage, cinq ans plus tard, elle constate que la moitié des fresques ont disparu. En cause : une politique de relogement dans des maisons plus modernes en parpaings et la paupérisation de la population paysanne due principalement à l’extension des mines d’or et de charbon. Elle décide alors de créer avec l’aide de Bulu Imam, défenseur de la culture adivasi, l’association « Femmes du Hazaribagh » ; ses fonds, obtenus principalement par la vente des photographies et des dessins réalisés sur papier,  doivent permettre aux femmes de se procurer les matériaux et pigments nécessaires et de recevoir une rémunération.

Deidi von Schaewen photographie ces peintures non comme des œuvres muséales  mais  en prenant soin de restituer leur contexte architectural, leur environnement, la présence des enfants, des animaux des objets usuels. La création picturale s’avère être ici intimement mêlée à la vie quotidienne, créant un environnement où le geste artistique prend une dimension poétique et spirituelle.   

Jean-Christian Fleury