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  • mouanda les fantomes des corniches 6

    mouanda les fantomes des corniches 6

Baudouin Mouanda

Être jeune à Brazzaville

Baudoin Mouanda a commencé à photographier à l’âge de douze ans avec l’appareil de son père. Très tôt, il s’est fait le chroniqueur de la vie à Brazzaville, la ville où il résidait, et particulièrement de celle de la jeunesse et des difficultés qu’elle rencontre. Qu’il s’agisse des mésaventures quotidiennes d’un coiffeur ambulant, des étudiants obligés de travailler le soir à la lumière des réverbères ou des enfants qui partent à la chasse aux insectes, il nous entraîne dans un monde où, face à la pauvreté, les défis de l’imagination et le désir de vivre ont le dernier mot.

La série Les Fantômes de la Corniche est pour son auteur un plaidoyer pour le développement de l’électrification en Afrique. Frappé par ce paradoxe que le fleuve Congo, le deuxième plus puissant du monde, traverse une capitale qui souffre d’une pénurie chronique d’énergie électrique, Baudoin Mouanda s’est intéressé à cette « grande bibliothèque à la belle étoile » que constituent les rues et les grands espaces du quartier de la Corniche à Brazzaville : à la nuit tombée, les étudiants, privés chez eux de lumière et d’espace de travail, s’y réfugient pour étudier à la lueur des réverbères ou de lampes frontales et y déambulent tels des fantômes phosphorescents.

Autres créatures en quête de lumière, les éphémères, ces petits insectes qui prolifèrent en zone humide, sont la proie des jeunes chasseurs qui les recherchent pour s’en nourrir et en tirer quelques pièces de monnaie auprès des rares femmes qui en font le commerce. Le photographe a surpris ces enfants au lever du jour, avant qu’ils n’aillent en classe, ou à la tombée de la nuit, alors que les vols prolifèrent, faisant tournoyer dans les herbes humides leurs filets confectionnés à l’aide de moustiquaires recyclées.

Baudoin Mouanda aborde les problèmes sociaux de manière à la fois réaliste et poétique, voire onirique. Son témoignage empreint d’empathie sur les difficultés que rencontrent ses jeunes compatriotes est un éloge de la débrouille, celle qui permet de survivre, de ne pas perdre espoir, d’inventer chaque nouvelle journée pour « devenir grand ». Un hymne à la créativité et à vie.



Jean-Christian Fleury