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  • © Marie-Hélène Le Ny

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Marie-Hélène Le Ny

No Human’s land

Marie-Hélène Le Ny a exploré à plusieurs reprises des techniques d’assemblage photographiques dans des collages, des polyptiques ou des associations textes-images. Dans cette série, elle met en évidence les dommages environnementaux et humains que les hommes infligent à leur territoire planétaire pour satisfaire des modes de consommation exponentiels. A cette fin, elle recourt à une double vision : celle des satellites de reconnaissance spatiale et celle, plus familière, de la vision à hauteur d’homme. La première nous offre des vues surplombantes de sites choisis pour leur valeur symbolique : régions de culture intensive, site pollués par l’activité industrielle, zones de déforestation, modifications du paysage sous les effets de l’agriculture intensive, îles cernées par les plastiques; tandis qu’un ensemble d’images plus petites cernent les premières et rendent compte au plus près des activités à l’origine du réchauffement climatique ou de la pollution des terres et des océans. A la beauté inattendue et troublante des vues aériennes répond le froid constat de la description rapprochée. Marie-Hélène Le Ny nous invite ainsi à improviser notre parcours entre deux types de représentation, à circuler au sein d’une foule d’informations qui dialoguent et nous interpellent.

Après la conquête de la lune, on s’est demandé à quoi ressemblait la Grande Muraille de Chine vue depuis cet astre. On y voyait un motif d’orgueil : une œuvre visible de si loin, c’était bien la preuve du génie humain. Autre temps, autre vision : si l’impact des activités humaines sur notre planète est aujourd’hui bien perceptible depuis l’espace, il y a peu de gloire à en tirer. L’existence de l’anthropocène trouve ici sa manifestation visuelle la plus éloquente : celle d’une Terre sans humanité.

Jean-Christian Fleury