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  • © Jean-François Mutzig

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Jean-François Mutzig

Des éléphants et des hommes

Jean-François Mutzig s’intéresse aux comportements humains traditionnels qui perdurent dans un monde où les modes de vie se sont uniformisés. C’est dans cette perspective qu’il photographie l’homme au travail et son environnement, documentant entre autres la vie des mineurs vietnamiens, des charbonniers malgaches ou des pêcheurs italiens. Au cours d’un voyage en 1999, il découvre la personnalité et le rôle social des éléphants en Asie. Il entreprend donc de décrire les relations de travail mais aussi d’ordre sacré qui unissent l’homme et l’animal dans les pays où ce dernier est encore présent.

Pendant une douzaine d’années, il parcourt le Sri Lanka, le Vietnam, le Cambodge, la Thaïlande, la Birmanie, le Népal et l’Inde afin de révéler l’intimité qui unit au quotidien le cornac avec son animal mais aussi parfois la domination brutale que l’homme exerce sur le pachyderme qu’il exploite jusqu’à épuisement comme en Birmanie où Jean-François Mutzig a photographié le débardage des bois précieux.

Son approche est plus celle d’un portraitiste que d’un photographe animalier. Dans des cadrages serrés, il traque les regards, les petits gestes, le contact des épidermes qui révèlent la connivence et la confiance qu’a instaurées un compagnonnage de plusieurs siècles. Le noir et blanc va lui aussi à l’essentiel, fondant le corps de l’homme et celui de l’animal dans un même gris tactile et sensuel.

Si la croissance de la population humaine en Asie réduit l’espace vital de l’éléphant sauvage, provoquant la destruction de son habitat naturel, le sort des éléphants domestiques semble lui aussi compromis dans un avenir proche, son utilisation pour les travaux de force ne pouvant rivaliser avec celle de la machine. Quelques individus protégés dans des parcs nationaux rappelleront une époque où ce colosse était une créature vénérée, un héros mythologique, en même temps qu’un compagnon de travail ayant partagé la misère de l’homme, une époque dont ces images ont dès lors valeur de témoignage.

Jean-Christian Fleury