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  • © Aurore Bagarry, courtesy of Galerie Sit Down

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Aurore Bagarry

Glaciers du Massif du Mont Blanc

Les conséquences du réchauffement climatique sur les glaciers sont irréversibles. Si ceux des Alpes perdent de leur volume depuis cent cinquante ans, leur fonte s’est accélérée au point qu’avec une élévation de température de trois degrés, ceux situés à moins de 3500 mètres devraient avoir disparu en 2100. Cela bouleverserait l’équilibre entre l'accumulation hivernale et la fonte estivale qui alimente de nombreux réseaux hydrographiques. 

De 2012 à 2017, entre juin et septembre, après la fonte des neiges, Aurore Bagarry a entrepris de dresser un état des lieux provisoire des glaciers du Mont Blanc afin de documenter leur évolution. La photographie, invention du XIXe siècle, est l’héritière d’une vision romantique de la montagne, alors que les siècles précédents n’y voyaient que chaos de pierre et de boue. Si Aurore Bagarry renoue avec une tradition plus que centenaire de la photographie de montagne, son propos s’inscrit dans une démarche documentaire parfaitement contemporaine. L’usage de la couleur, le scrupuleux rendu des détails qu’autorise le travail à la chambre photographique, l’absence de présence humaine si fréquente dans les photographies anciennes pour donner l’échelle et surtout le choix des points de vue partiels qui nous confrontent aux matériaux constitutifs que sont la roche et la glace, l’un pérenne, à l’évolution extrêmement lente, l’autre, fragile et en cours d’évolution rapide : toutes ces caractéristiques contribuent à la crédibilité du constat. L’émotion n’en est pourtant pas absente. Esthétique d’abord grâce à la beauté des lumières matinales, à celle de ces masses gelées d’un bleu turquoise ou d’un vert de jade, lovées au creux des roches, ou accrochées aux pentes en équilibre instable. Mais la fragilité des ces paysages qu’on sait menacés, de ces géants voués à la liquéfaction suscite aussi une mélancolie et une inquiétude qui ont peu à voir avec l’émotion du romantisme. Parce qu’elles sont d’authentiques documents en même temps que des œuvres à part entière, ces images constituent autant d’appels à une prise de conscience.

Jean-Christian Fleury