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  • © Jacques Borgetto

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  • © Jacques Borjetto

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Jacques Borgetto 

Si près du ciel

Dès son enfance, le Tibet, lointain et mythique, a exercé sur Jacques Borgetto une fascination nourrie par les récits des voyageurs aventureux qui s’y étaient risqués. Depuis 2007, il y a séjourné de nombreuses fois, en toutes saisons, pour y partager la vie des moines ou des paysans des hauts plateaux. Il en a rapporté une vision élaborée au fil du temps et des rencontres, empreinte de connivence avec ceux qu’il photographie et d’un sentiment d’exaltation devant l’immensité d’une nature primitive qui semble vouloir se dresser jusqu’au ciel.

Cette vision empathique et contemplative s’exprime, le plus souvent, par l’usage du noir et blanc. Il y a peut-être dans ce refus des séductions de la couleur une volonté d’aller, par delà le pittoresque si évident des gens, des choses et des paysages, au plus près d’une familiarité, d’une intimité des gestes, des comportements, des expressions, de signifier par une unique gamme de gris le lien organique qui unit ce peuple au milieu naturel où il vit.

La réalité sociale et politique du Tibet n’est pas pour autant absente de ce regard. Progressivement, Jacques Borgetto a pu constater l’évolution du territoire, les modifications du paysage sillonné d’autoroutes destinées à relier les villes principales, la sédentarisation forcée des nomades, la destruction de l’habitat traditionnel, l’invasion parallèle des colons chinois qui cherchent à normaliser le pays et celle des touristes en quête d’exotisme. Mais ces tensions entre d’une part les croyances et modes de vie traditionnels et d’autre part la modernisation et la sinisation ne sont présentes qu’allusivement, comme un reflet de la manière dont elles s’insinuent dans le quotidien des Tibétains. Ainsi, le photographe nous livre une vision intime et apaisée bien éloignée d’une démarche journalistique de dénonciation, une méditation où le temps semble dilaté.

Jean-Christian Fleury