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Henry de Monfreid

Un photographe


Le succès des nombreux ouvrages littéraires d’Henry de Monfreid a largement occulté l’œuvre  du photographe qui s’étendit pourtant sur une période bien plus longue que celle de l’écrivain puisqu’elle commença dès son arrivée en Abyssinie en 1911, alors qu’il n’entamera son travail d’écrivain qu’au début des années 1930, après son entrevue avec Joseph Kessel. Menées simultanément, ces deux œuvres se nourrissent directement de sa vie. L’une comme l’autre n’eurent d’autre propos au départ que de faire partager à ses proches, par la correspondance ou par l’image, ses émerveillements, ses aventures, son expérience d’une liberté intransigeante.
Élevé dans une famille d’artistes peu conformiste, fils de peintre, Henry de Monfreid est familier de la pratique artistique. Sa boulimie d’action, son tempérament impatient ne l’en éloignent pas mais l’inclinent à des pratiques « légères », rapides et peu contraignantes : l’aquarelle et la photographie plutôt que la peinture à l’huile.
Dès son arrivée en Abyssinie, il entreprend une série systématique de photographies stéréoscopiques sur le pays. Bientôt, alors qu’il écume la mer Rouge à bord des boutres qu’il s’est lui-même construits afin de faire commerce d’armes, de hachisch ou de perles, il réalise des vues sur plaques de verre qu’il repeint à la main. À l'aide de vernis de couleur, il obtient de subtils mélanges par addition en transparence. Les ocres, les verts, les bleus et les violets y dominent. Paysages, marines, scènes de la vie à bord sont coloriées sans souci de réalisme, en larges aplats. Si ces vues serviront beaucoup plus tard, à son retour en France, à illustrer ses conférences, il opère sans autre intention immédiate que de capter l’aventure au jour le jour, de transmettre intacte son émotion à travers des images plastiquement très élaborées, plus contemplatives que documentaires.
Quittant les bords de la mer Rouge à l’approche de la guerre, il suivra comme reporter l’invasion de l’Éthiopie par les troupes de Mussolini. Utilisant le petit format et le Leica, il optera alors pour un style franchement journalistique.
Si Henry de Monfreid recourt aux deux pôles de la pratique photographique, le reportage brut en noir et blanc et un usage plastique de la couleur, c’est que, dans la création aussi, son goût pour l’indépendance et la liberté ne s’embarrasse ni des conventions ni des catégories formelles. Il s’adapte à l’imprévu, cet ingrédient qu’il juge absolument indispensable à sa raison de vivre. Car son œuvre, c’est d’abord sa vie qu’il met en scène par l’écriture, la peinture ou la photographie.
Jean-Christian Fleury