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  • La Vallée. Palawan. Philippines. 2015-massif sacre ou vivent des esprits. ces lieux ne sont jamais defriche pour faire des champs. Les Palkawamn deroutent de facher les esprits qui y habitent.j

    La Vallée. Palawan. Philippines. 2015-massif sacre ou vivent des esprits. ces lieux ne sont jamais defriche pour faire des champs. Les Palkawamn deroutent de facher les esprits qui y habitent.j

  • La Vallée. Palawan. Philippines . 2015.Un jeune preché sur un tronc d'arbe coupé sur son nouveau champs,regarde le jour se lever sur la vallée.jpg

    La Vallée. Palawan. Philippines . 2015.Un jeune preché sur un tronc d'arbe coupé sur son nouveau champs,regarde le jour se lever sur la vallée.jpg

Pierre de Vallombreuse

La Vallée

Ils ne sont pas plus de cent cinquante. Ils s’abritent dans les cavernes d’une vallée au sud de l’île de Palawan, dans l’archipel des Philippines. Ils vivent de la chasse et de la cueillette, se déplaçant régulièrement pour laisser à la flore et à la faune le temps de se régénérer.
Fondamentalement égalitaires, ils n’ont pas vraiment de chefs et se montrent pacifiques. La forêt est pour eux à la fois un lieu de ressources nourricières et celui où résident esprits et divinités. Mais les Taw Batu, les « Hommes des Rochers », ont vu leur environnement et le mode de vie qui en dépend se modifier : depuis quelques décennies, leurs terres sont peu à peu mises en vente. Ce sont des entreprises privées qui achètent à bas prix les terres des palawans afin d’y exploiter à grande échelle le palmier à huile et le cacao.
Pierre de Vallombreuse parcourt le monde pour documenter les minorités ethniques dont le mode de vie traditionnel se trouve menacé. Ayant séjourné chez plus d’une quarantaine de ces populations fragilisées, il témoigne de leur diversité culturelle aussi menacée que la biodiversité à laquelle leur sort est, d’ailleurs, intimement lié. En un peu plus de trente ans, Pierre de Vallombreuse a effectué dix-neuf voyages chez les Taw Batu. Au cours des quatre années passées au total avec eux, il a partagé leur vie, appris leur langue et s’est fait le témoin des changements qu’a entraîné la modernisation de leur existence et le prosélytisme des missionnaires évangélistes.
Son constat, nuancé, est peut-être moins catastrophique qu’on ne pouvait le redouter : si l’harmonie paisible des Taw Batu a été perturbée, ils n’en ont pas moins réussi à intégrer les apports du modernisme sans renoncer à leur identité : la médecine occidentale, l’argent, les téléviseurs, les panneaux photovoltaïques, les maisons à toit de tôle font maintenant partie de leur quotidien. Mais ils continuent à pratiquer l’agriculture sur brûlis et la chasse en forêt, à se réfugier dans les
cavernes lorsque la tempête menace.
Si Pierre de Vallombreuse photographie en noir et blanc, c’est pour éluder la séduction facile du décor exotique et privilégier le fait humain. Pour autant, il ne photographie pas en ethnologue : il enregistre des moments de vie, les fragments d’une histoire partagée avec ce peuple « doucement anarchiste » avec qui il a noué une relation privilégiée et qui lui a permis de réaliser son rêve d’enfant : être le Mowgli du Livre de la Jungle.

Jean-Christian Fleury